Retour
Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel
[...]
Un temps pour déchirer
et un temps pour coudre ;
un temps pour se taire,
et un temps pour parler.
Qohelet
Retour à l'Initiale.
Au point d'origine.
A la source.
Quelque chose a changé pourtant.
Il y a eu ce long silence.
Après le souffle, le cri ; il a fallu le temps de l'inspir.
Un temps où la parole s'élabore en secret mais ne s'énonce pas.
Un temps où la parole est contenue.
Contenue jusqu'à l'extrême, jusqu'à la paralysie de l'apnée.
Retour à l'Initiale.
A l'origine.
Quelque chose a changé pourtant.
Il a fallu traverser.
Traverser jusqu'à l'épuisement.
Abandonner toute volonté.
Abandonner les illusions.
Même là, à l'Initiale.
Surtout là.
Ne plus s'imaginer une quelconque volonté originelle de vivre. Personnelle ou divine.
N'être plus qu'une chair qui palpite sans raison.
Il a fallu aller plus loin encore.
Éprouver l'abandon premier.
Éprouver la solitude originelle.
Éprouver l'amour absent.
Et pleurer.
Et sangloter.
Il a fallu aller plus loin encore.
Au noir.
On n'en revient pas.
On n'en revient jamais.
Quelque chose continue pourtant.
Un nouveau souffle.
Et la parole, à nouveau, s'énonce.
Un nouveau souffle.
Dans le murmure, le chant, ou dans le cri.
Quelque chose a changé.
Les mains ne veulent plus rien agripper.
Les mains se sont ouvertes.