Estampille le jour
Sous la lumière blafarde de la lune, un rêve puissant qui estampille son jour.
Il est homme de la mer.
Il sait l'océan et la terre impossible.
Elle est femme de la terre.
De cette terre qui borde l'océan.
C'est une clairière.
C'est la moiteur d'un soir de fin d'été.
C'est une source.
Du triangle au sept orifices, sourd l'eau.
C'est une clairière dans la moiteur d'un soir.
C'est le murmure du ruisseau entre les pierres.
Elle et lui.
Là.
Immobiles.
Frémissants.
De leur présence, ils tissent le silence.
De leurs doigts emmêlés, ils tissent la présence.
Elle n'a pas besoin de le regarder.
Elle sait le vert du regard où coule l'infini.
Elle sait ce visage buriné des grands voyageurs.
C'est une source.
Une onde.
Une onde qui les traverse.
Un onde qui allège le ciel.
Et agrandit l'espace.
C'est une source et un ciel.
C'est un soir d'été.
Elle sait la source.
Elle sait sa source.
Au rouge de ses entrailles.
Elle sait l'onde de son ventre et sa fontaine en offrande.
Elle sait des secrets aux blancheurs lactées.
En notre terre, les sources parlent à ceux qui savent entendre.
La source a parlé ce soir.
Quelques bulles dans le bassin utérin.
Pour dire l'homme et l'amour.
Pour dire le roc et les rivages.
Pour dire la pierre dressée au soir des promesses.
Il est homme de la mer.
Elle est femme de la terre.
Ils savent leurs impossibles.
C'est une clairière.
C'est la moiteur d'un soir de fin d'été.
C'est une source.
C'est un rêve qui estampille son jour.