Guerrière déchue
Le texte d'hier sonne faux.
Voilà des semaines que je tourne autour. Pose des mots. Renonce à déposer un texte parce que jamais satisfaite.
Il sonne faux parce qu'il reste à la surface d'un lac qu'on dirait presque gelé.
Il ne dit pas les profondeurs de la détresse à chuter et rechuter. A s'engouffrer toujours au même endroit dans les limbes misérables d'un amour pitoyable.
Il ne dit pas la force qu'il m'a fallu pour m'arracher du joug de l'infernale jouissance.
Il ne dit pas la douleur des muscles qui se crispent, des articulations qui craquent, du corps qui se recroqueville et se glace.
Il ne dit pas la marche bancale du corps qui chavire en même temps que l'âme.
Il ne dit pas le poids de l'armure endossée pour se protéger.
Il ne dit pas la désespèrance lorsque la mère se déchaîne et fait voler en éclats l'armure.
Il ne dit pas le souffle coupé, lorsque, croyant échapper vers la liberté, le tourbillon de la violence me reprend de plus belle.
Il ne dit pas la nuit qui s'installe tandis que je suis emportée par une main plus forte que la mienne. Une main qui pénètre mes chairs et les broie.
Il ne dit pas les reins qui se cambrent sous le fardeau de la honte enchaînée au silence.
Il ne dit pas son arrogance à elle, née de la honte que j'endosse.
Il ne dit pas le brouillard du mensonge et la déroute.
Il ne dit pas l'infinie tristesse de mon âme qui se dissout dans l'aridité silencieuse. Martine suit d'autres chemins et n'est plus là pour entendre.
Il ne dit pas le rouge de la violence et la blancheur acerbe du silence.
Il ne dit pas le noir de la solitude qui se mêle au gris de la tristesse.
L'Initiale n'est plus. Je sombre. Egarée au plus noir lorsque croyant échapper à une forme, une autre forme me saisit.
Il ne dit pas l'infinie tristesse qui m'empoigne et les larmes silencieuses qui s'écoulent sur le monde.
D'échappée en échappée, d'égarements en égarements, ainsi va ma vie...
Alix
Je viens de me rendre compte que ce texte si difficile à écrire, j'ai omis de le publier hier...