Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Initiale
4 août 2005

Rouge et blanc

Que vivait-elle quand elle me battait ? Jouissait-elle ? Je crois que oui.
Je la trouvais moche et dégueulasse - oui, dégueulasse, c'est ce que je me répétais dans ma tête - "cette femme est dégueulasse", "ma mère est dégueulasse".
Le sang. Elle n'avait pas envie de le voir, évidement.
Le sang, signe de ma féminité, elle n'en veut pas, évidement.
Alors, elle appelle son complice de toujours, l'homme de science, l'homme de médecine. Trop content de ramasser quelques honoraires, quitte à me mettre une fois de plus la tête sous l'eau.
C'est trop, beaucoup trop, arrêtez-moi ça. Et des mois, des mois à compter les jours, avaler les comprimés, mesurer la température. Évidement, il faut que ça soit compliqué pour qu'il y fourre son nez, pour qu'elle s'en mêle. Elle navigue entre désir de mort et jouissance. Qu'il crève ce sexe que je n'ai pas voulu et que j'en jouisse, que j'en jouisse comme mon bien.
Sauvée par l'aversion pour les calculs et l'ordre, j'envoie balader thermomètre et comprimés.
Mais elle s'acharne.
Après le rouge, le blanc.
Trop, beaucoup trop de pertes blanches.
L'homme est remercié par des honoraires (honneur ?) pour prescrire des ovules de taille conséquente. Impossible de franchir la barrière virginale sans qu'elle y mette ses gros doigts de mâle. Elle aura eu ma virginité. Elle veut tout, tout le temps. Et ma mort et la jouissance de mon corps.
Une fois de plus, partir, partir de là - quitter l'enfer. Je ne veux plus voir ce médecin. Je ne veux plus voir de médecin.
Je quitte un enfer pour un autre. La rage, la fouille et les insultes.
Elle est en rage, sans cesse. Alors, elle fouille, fouille. Partout. Elle espionne. Tout le temps. Suit mes pas, interroge. Pas un seul espace de ma vie qui ne lui appartienne pas. La bave aux lèvres, les yeux exorbités, elle brandit les preuves, les pièces à conviction. Les courriers déchiquetés en menus morceaux pour qu'aucun mot ne lui soit accessible, et dont elle réinvente la trame à sa façon. Le récit de mes après-midi qu'elle surveille à la longue vue et qu'elle romance au grè de son imagination, de sa haine et de son obsession pour le sexe. 'Putain, traînée, salope..." Tout est prétexte aux insultes hurlées de sa voix d'homme, tout est prétexte à la provocation de la violence.

Partir, partir, m'en sortir...

Alix

Publicité
Publicité
Commentaires
Initiale
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Publicité